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MEMENTO LE BLOG

LES OBJETS-SYMBOLES : le sablier

Dernière mise à jour : 8 déc. 2023


Le sablier est une représentation matérielle du temps, dont la plus ancienne représentation fut découverte à Karnak en 1904 :

En effet, l'objet était déjà utilisé, dans des formes et avec des mécanismes différents, notamment pendant l'Egypte antique.


La plus ancienne découverte est donc égyptienne, fonctionnait avec de l'eau, et date du règne d'Amenhotep (- 1350).


Le saviez-vous ? on pense communément que les sabliers, comme leurs noms l'indiquent, contiennent du sable, mais en fait s’agit plutôt un mélange de poudre de marbre calciné, de coquilles d'œufs, et de plomb ou zinc.


Un sablier se compose de deux "gouttes" identiques reliées par un étroit espace au milieu d'où s'écoule le "sable".

Le but premier d'un sablier est de mesurer une durée, ou de mesurer le temps. Longtemps utilisé comme tel, cet objet-outil fut délaissé au profit d'outils plus modernes et surtout plus précis au fur et à mesure des progrès techniques mondiaux, notamment dans la navigation.

Généralement, le temps d'écoulement d'un sablier est compris entre 1 et 5 minutes, mais étant donné que pour un même sablier des écarts résiduels peuvent exister entre deux mesures, on considère, aujourd'hui, que le sablier n'est pas un outil de mesure précise de la durée.


Néanmoins, il continue d'être une représentation forte, et ancrée dans l’imaginaire collectif de la mesure du temps qui passe.

Nous avons déjà abordé le thème et la signification d'une allégorie mais pas encore celui des objets-symboles.

Par définition, selon le dictionnaire Larousse, le mot symbole provient de symbolum en latin et de sumbolon en grec, tous deux signifiants "signe". Un symbole désigne un élément figuratif, animé ou une chose, qui représente un concept, et qui en est l'image, l'attribut, l'emblème.

De ce fait, l'allégorie est un synonyme du symbole. Mais le symbole peut aussi être appréhendé comme un élément que l’on substitue au nom d'une chose. Un signe que l'usage a choisi pour la désigner.

Or dans cette définition on peut observer que communément le sablier, comme l'horloge, est un symbole du temps.


Bien souvent les symboles comme les allégories peuvent être interprétés de différentes manières, selon qui l'utilise.

La culture judéo-chrétienne interprète les symboles différemment d'autres cultures/religions, comme l'Hindouisme par exemple.

Dans les allégories courantes liées au sablier, il y a essentiellement celle du temps.

Il y a deux prismes de compréhension pour définir le temps qui s'associent à cet objet :

Un prisme linéaire et un prisme cyclique.


Pour le prisme linéaire: on se place davantage dans une idéologie judéo-chrétienne de rapport au temps, où ce dernier est vécu comme une évolution mêlant Création et Apocalypse.

De ce fait, le temps est perçu comme une durée avec un début et une fin, mais où l'espérance perdure via la promesse de la délivrance où la fin donne accès au divin.


Dans le prisme cyclique: on se place plutôt dans une idéologie culturelle du sous-continent indien (Brahmanisme et Hindouisme) où le temps fait référence au cycle des jours, des saisons et des moments de vie.

Alors, on considère que le temps est un renouvellement cyclique infini, où s'alternent des périodes de destruction et de reconstruction pour permettre au même univers de renaître.

Dans cette optique, l'idée sous-jacente d'un retour éternel, d'introspection, l'humain a un rôle à jouer dans sa destinée.

Ce dernier prisme est une représentation du temps qui peut, d'une certaine manière, faire écho à celle qui avait monnaie courante au Moyen-Âge notamment via l'image de la Roue de la Fortune.

Cette image pouvait s'incarner par un cadran, une horloge, et une montre (de la même famille des objets-symboles que le sablier donc).

La Fortune est une divinité romaine à la main malveillante, quant à la roue c'est celle du destin qui tourne à vive allure portant à son gré l'humain dans une gloire éphémère et illusoire pour ensuite le précipiter vers le bas.

Le sablier représente, par l'écoulement de sa matière du haut vers le bas, via cet étroit passage, plusieurs phénomènes, allégories et symboles de la vie.


D'abord l'écoulement du sable évoque le temps de la naissance vers le temps de la mort, soit le temps de la vie qui nous est donné, puisque le récipient supérieur finit par se vider entièrement de son sable. Le temps écoulé et la fin d'un événement quel qu'il soit.

Ce phénomène peut être alors rapproché de la philosophie judéo-chrétienne et latine sur l'existence dont les locutions "carpe diem" et "memento mori" sont les emblèmes.


Dans une autre vision:

On peut aussi comprendre que chaque être humain est incarné par un grain de sable parmi l'ensemble de la matière présente dans un sablier : alors il appartient à chacun.e de s'inscrit parmi l'ensemble, partager une destinée commune, dans une optique où la matière finie par périr. Mais comme nous ne sommes pas que matière, cela donne aussi de l'espoir à l'humain, une idée de dépassement de soi, de solidarité et de quête de réflexion, de connaissance.

Le fonctionnement du sablier nécessite un geste volontaire pour être retourné.

Or ce geste peut être interprété comme le commencement d'un nouveau cycle, qui relève d'une décision, d'un choix a priori réfléchi. Entamer un nouveau cycle sous-entend saisir une opportunité, s'autoriser une nouvelle chance, choisir de persévérer dans l'analyse, la réflexion, tout en se déterminant comme maître.sse de son destin, en toute liberté.


De plus, ce mouvement de course vers le bas, alors que le monde de l'esprit, du divin, du spirituel est toujours exprimé comme une élévation, pose une question :

Pour atteindre cet idéal devons-nous aller à contre-courant ? On peut le penser.


Mais il est également possible d’opter pour une vision moins individualiste et restrictive : L'humain pris dans ce mouvement global de chute, peut choisir de retourner ce phénomène, mais peut également considérer que les phénomènes naturels sont comme ils sont, et qu'il reste possible de prendre, d'apprendre de chaque étape et mouvement, pour "s'élever" soi-même et permettre aux autres de faire de même (tout comme les deux récipients d'un sablier s'autoalimentent réciproquement).


De plus, la circularité déconstruit en partie cette dualité, et prouve que les oppositions sont intimement liées, que les limites et les frontières peuvent être abolies, que nous ne sommes pas figés dans une représentation du monde, de nous, que les catégories auxquelles nous appartenons peuvent suivre aussi ce mouvement et changer. C'est donc aussi une invitation à la rencontre, au dialogue, au partage, à l'ouverture aux autres et alors à l'ouverture d'esprit.


Puisque le temps n'est pas alimenté par une ligne rectiligne mais par une courbe fermée, même si nous n'avons pas la capacité d'agir sur le temps qui passe, nous pouvons essayer d'utiliser le temps dont nous disposons comme nous l'entendons.


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