Pour commencer, dressons un rapide portrait de l'animal.
Le serpent est un être vivant qui est apparu il y a environ 150 millions d'années, et dont les espèces dites venimeuses ne représentent qu'une petite partie. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, grosso modo environ 500 espèces sur plus de 3500 sont venimeuses.
Le serpent étant une espèce très repandue, il a toujours eu une place au sein de chaque grand courant mythologique du monde :
On le retrouve dans les mythologies Nordique, Grecque, Maya, Scythes, Inca, Béninoise, Togolaise, Egyptienne, Japonaise, Chinoise, et bien d’autres encore.
En Europe, de par la culture judéo chrétienne, le serpent peut avoir une aura particulièrement inquiétante.
En effet, dans le livre de la Genèse, il est dit que le serpent est l’animal le plus rusé qui ait été conçu par Dieu. Ce livre biblique dit qu’il trompa Ève et la poussa à manger le fruit interdit. Dans ce contexte, l’animal représente la Tentation. Il est aussi dit que Satan s’étant métamorphosé en serpent était en fait le responsable du péché d’Ève qui entraina la chute des Hommes.
Dans le livre de l’Exode, le serpent a une autre image. Il symbolise la force, et surtout la grandeur de Dieu, sa puissance. Il est le symbole du pouvoir puis de la terreur qu’il inflige, avant de d’être celui de la guérison.
Depuis très longtemps dans l'histoire, et dans de multiples cultures, le serpent possède un ensemble de symboles, croyances et significations hétéroclites : il est autant la personnification de la connaissance divine, le symbole de la jeunesse éternelle, de la fertilité, de la régénération, et de la prudence, qu'une allégorie de la tentation, de la sournoiserie, de la sorcellerie ou du mal.
Il est autant mis en lumière pour la fascination qu'il génère via ses atouts et ses comportements, qu’il est craint pour son influence. Et l'hypnotisme qu'il dégage attire et repousse à la fois.
De ce fait, on peut considérer qu'une allégorie a aussi l'avantage de pouvoir varier dans ses significations selon les croyances, les envies de chacune et chacun.
Ainsi je tiens à vous partager certains mythes et certaines significations :
En Asie par exemple :
Dans la mythologie Hindouiste, Ananta est le serpent cosmique, Dieu des ténèbres qui porte le monde, le régénère sans cesse, notamment via le symbole des cycles infinis du renouvellement (∞).
Dans la culture chinoise, Nu Wa, qui créa l'humanité selon une légende, était une déesse mi-femme mi-serpent. Elle glissait dans le ciel quand un mauvais esprit en brisa la voûte. Nu Wa recolla donc le ciel avec la pierre de fusion. Elle prit une poignée de terre, la mélangea avec de l'eau et en fit une figurine lui ressemblant. La figure s'anima et devint le premier être humain.
Dans la mythologie Japonaise, les Hebi (serpent) sont parfois considérés comme des kami (divinité ou esprit) protégeant les maisons, des messagers des dieux et parfois sont considérés comme des monstres. Le Hebi est le plus souvent un esprit de l’eau. Une ambivalence particulière l’entoure puisqu’il peut tantôt être destructeur et provoquer des crues, ou être bénéfique lorsqu’il fournit une eau nourricière dans les rizières. Il peut inspirer beaucoup de crainte car on lui confère des pouvoirs comme celui de faire pourrir un corps ou bien de maudire les gens.
En Afrique du sud, tantôt présentés comme agents du bonheur, tantôt pris pour agents de malheur, craints et repoussés, les serpents sont souvent vus comme le véhicule d’une énergie active reçue aux temps de la première création. Le serpent que l’on peut voir le plus souvent représenté est le python (royal ou géant selon les régions).
Dans la mythologie Venda, c’est le python qui créa toutes les créatures. A ce titre, il intervient dans de nombreuses cérémonies rituelles et religieuses. Dans l’initiation féminine notamment, les jeunes femmes mimaient ses mouvements en dansant, pour rappeler les circonvolutions originelles de l’animal lorsqu’il vomit toutes les créatures qui peuplent le monde.
Dans la culture Peda (Bénin), le python est vénéré, considéré comme un totem et comme le symbole de leurs ancêtres. Une coutume existe, liée à un mythe dans lequel cet animal joue le rôle de protecteur auprès d’un enfant endormi, ayant pour but de se mettre sous sa protection et d’être relié à lui, consiste à se faire marquer dès l'enfance par des scarifications faciales composées de deux traits tracés sur le front, sur les pommettes et sur les extrémités des yeux. Ces symboles permettent de se reconnaître comme une personne vouée au python.
Dans la culture Bantus (Gabon), le serpent est le symbole de l’éternité, de l’infini, du contenant et du contenu.
En Amérique du Sud :
Dans la mythologie Inca, Amaru (serpent en Quechua) est un immense serpent avec une tête d'oiseau et une tête de puma qui a le pouvoir de passer d'un monde à l'autre. Ainsi, il peut aller du Hanan Pacha (monde céleste), au Kay Pacha (ce monde), et au l'Ukhu Pacha (monde intérieur ou terre mère). Il symbolise aussi un bouleversement brusque et brutal de l'ordre établi.
En Europe, on peut encore énoncer l'utilisation du serpent dans le domaine médical et scientifique. L'image récurrente de serpents enroulés n'est pas sans rappeler la formation de l'ADN humain qui est en forme de double hélice. Le bâton d'Asclépios autour duquel s'enroule des serpents est le caducée de la médecine et la Coupe d'Hygie, caducée des pharmacies avec un serpent qui s'enroule autour.
Ainsi des centaines de mythes, beaucoup trop pour que je puisse vous les énoncer tous ici, existent dans de très nombreuses cultures, avec chacun des significations différentes quant à la place du serpent dans les civilisations.
Je me suis attachée davantage encore, au fil des années et de mes recherches, à cet animal qui m’a toujours fascinée. Je vois le serpent comme un symbole de vie, de renouveau, de régénérescence, tout ceci lié à une certaine adversité, férocité et lutte.
C'est aussi ça, la beauté des allégories : l’intention, l’histoire qui est cachée derrière.
Même si certain symbole et/ou animal peuvent faire consensus, finalement son interprétation dépend du sens que vous choisissez de donner aux éléments qui vous entoure, au regard de votre histoire personnelle.
Let's keep in touch :
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